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19 Jul

Le partage du sel. J-L de Sauverzac & M. Abu Aziz

Publié par Le fou du sel  - Catégories :  #TEXTES SUR LE SEL

Le Partage du sel

 

Une œuvre « photo-calligraphique » de M. Abu Aziz, calligraphe jordanien et Jean- Loup de Sauverzac, photographe français
 

 #ALBUM PHOTO


Genèse d’une aventure salée

 

Dans l’Athanor de la matière, chaque forme émergée du chaos se souvient de sa naissance, et s’interrogeant sur ses devenirs, rêve à d’autres transmutations. Car la matière est vivante, et toutes ses formes sont les éphémères instantanés d’une tension, d’un mouvement perpétuel de la nature animée par le souffle de l’Anima Mundi. Ces formes, d’apparences ordinaires et inertes, offrent à celui qui sait les regarder la révélation de leurs visages énigmatiques, de leurs danses oniriques, de leurs mystérieuses écritures. J’avais gardé de mon premier périple autour de la Mer Morte une fascination pour ces écritures énigmatiques laissées par l’eau et le vent et recuites aux feux du ciel dans les drapés des champs de sel.

C’est en 1996, en Jordanie, au cours d’un premier périple autour de la Mer Morte en compagnie de la photographe palestinienne Hala Hilmi Hodeib, avec qui je réalisais un travail commun ‘Démons et Merveilles’ pour le Printemps Palestinien, que l’idée des calligraphies avait germé dans mon esprit.

Comme le sel donne de l’esprit, soudain l’idée avait cristallisé : confier en une calligraphie ces vers magnifiques de Saint John Perse : Au bruit des grandes eaux en marche sur la terre, tout le sel de la terre tressaille dans les songes
Puis logiquement, tout comme le petit cristal de sel originel qui se développe de manière exponentielle -exponen–sel-, d’autres pensées de poètes, de philosophes, affluèrent dans mon esprit.
Mais, n’étant pas calligraphe, il me fallait donc trouver un artiste jordanien qui accepte de se lancer dans pareille aventure ! Grâce au Directeur du Centre culturel français d’Aman, M. Denis Toupin, à qui j’avais confié ce désir d’écritures salées, le rêve pu se matérialiser en une invitation à créer.
 
Lorsque je débarquais 3 ans plus tard à Aman pour réaliser ce travail commun, je ne connaissais pas le calligraphe Mohamed Abu Aziz. Je réalisais très vite les difficultés que nous aurions à surmonter, car, outre nos différences d’âge, de culture et de mode de vie, nous ne parlions pas de langue commune ! Mais l’idée le passionnait. Notre enthousiasme fut le médiateur de nos difficultés de communication et la complicité efficace et chaleureuse de Pascal Janovjak, qui avait la charge au Centre culturel de piloter la production de notre projet et son accomplissement, fut le ciment bénéfique de notre œuvre.

Cette aventure artistique et humaine nous a démontré surtout que seule la reconnaissance vécue de la différence de l’autre permet d’établir un vrai dialogue sans lequel toute entreprise humaine n’est que chimère bâtie sur les sables mouvants des malentendus. Au gré de nos errances dans les fractures et les déchirures de cette Mer mythique dite morte, nous avons scellé notre amitié en partageant, la soif et la chaleur, les fatigues et les exaltations, les mélancolies crépusculaires, les surprises de l’aube, le pain et le sel toujours vivants de la Palestine.

En novembre 2000, la première partie de ce travail, nommé « Le dit du sel », était inaugurée à la Mairie d’Aman sous le patronage et en présence de HRH la Princesse Muna et de son Excellence l’Ambassadeur de France, Monsieur Bernard Emié. Un ans plus tard le Partage du sel, complété par un nouvel apport, était présenté à l’Institut du Monde Arabe à Paris pour inaugurer le lancement de la campagne du Secours populaire français : « la culture, ça change la vie ». Ensuite  l’exposition a tourné dans les principales villes de France.

Après un séjour dans les Centres culturels français en Palestine, le Partage du sel a été exposé à l' Université Jinan et au Centre culturel français de Tripoli dans le cadre du concours de calligraphie organisé par ces deux institutions. Après son périple libanais, le Partage du sel a continué son voyage vers d'autres centres culturels français et lieux universitaires, avant de repartir porter son message de fraternité et de paix en d’autres pays du Moyen Orient et du Monde.

 

Partager le sel, c’est partager l’hospitalité, partager l’essentiel de la vie.
Il n’y a pas de vie sans sel : le sel c’est la vie.

 

© Jean-Loup de Sauverzac
Mohamed Abu Aziz

 

 

 

 

 

 

 

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The salt work of Jean-loup de Sauverzac photographer :expositions, galeries, photos, itinéraire, projets en cours