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25 Jul

La belle au sel dormant s'éveille après 200 millions d"années !

Publié par Julie Lestrade - revue Nature  - Catégories :  #PRESSE, #SEL ET SAVOIR

PALEOBIOLOGIE.

Des chercheurs ont ranimé une bactérie piégée dans un cristal de sel

 

Ou l'on voit que le sel est bien supérieur au modes de conservation moderne !

 

Aux amateurs d'éternité : faites vous confir dans le sel ! .- J-L

 
Bacillus 2-9-3 s'est réveillé. Il ne porte encore qu'un nom de code mais c'est la plus vieille bactérie vivante jamais découverte. A côté, le Bacillus subtilis conservé 25 millions d'années dans l'ambre et retrouvée en 1995 ferait presque figure de jeunette. Car Bacillus 2-9-3 dormait depuis 250 millions d'années, sans boire ni manger, à peine vivant. Il attendait son heure, abrité dans une microscopique cavité d'eau, au coeur d'un cristal de sel hermé-tique de 8 cm3, trouvé à 569 mètres sous terre, dans le lit du Salado (Nouveau - Mexique)
" Un faisceau d' indices laisse supposer que ce micro-organisme a été séquestré lors de la formation de ce cristal, à l’âge permien," ex-plique Russell Vreeland, de la West Chester University (Pennsylvanie). «Et que, depuis, il n'a subi aucun stress, Le cristal ne présente aucune fissure, ni trace de contamination.»

A cette époque-là, les continents ne faisaient qu'un, appelé la Pangée; les seuls animaux existants étaient invertébrés. Ichtyosaures, brachiosaures et autres diplodocus étaient encore loin de voir le soleil.
«Cette bactérie végétait déjà dans le cristal 100 millions d'années avant que les dinosaures apparaissent», rappelle le chercheur.

Bacillus 2-9-3 aurait sans doute pu résister encore longtemps à son enfermement. En revanche, elle n'avait que peu de chances de croître et de se multiplier. D'abord,parce qu'elle et ses congénères n'évoluaient que dans 9 micro-litres d'océan permien. Pas assez d'eau et de nutriments pour pouvoir se développer. Ensuite, parce que  leur croissance aurait produit des déchets toxiques à long terme dans cette enceinte confinée.

Les chercheurs ignorent comment la bactérie a fait pour durer si longtemps. Ils supposent qu'elle s'était réduite à l'état de spore, "une  forme qui peut avoir une résistance infinie», affirme Patrick Stragier du laboratoire CNRS de régu-lation de l'expression géné-tique chez les micro-orga-nismes. Un peu comme une graine au repos qui attend le printemps. Mais pour Bacillus 2-9-3, l'hiver a duré 250 mil-lions d'années.

Jusqu'à ce que Russell Veeland et son équipe sélectionnent un cristal parmi cent kilos de sel. Une étude délicate pour ne pas contaminer l'échantillon. «Dans un premier temps, nous avons stérilisé la surface du cris-tal pour réduire le risque de contamination à une chance sur un milliard. "C'est mille fois mieux que les précautions prises pour une opération chirurgicale," précise Russell Vreeland. "Puis nous l'avons percée avec une petite mèche stérilisée.»  Restait ensuite à aspirer le contenu de la cavité, à inoculer le tout dans des tubes stériles remplis de milieux de culture salés diffé-rents et à patienter."

Au bout de quelques jours, les bactéries ont quitté leur état léthargique pour «ressusciter» et com-mencer à pousser. Sous le microscope, les cher-cheurs ont alors vu apparaître des micro-organismes en forme de tige et à la paroi épaisse. Les analyses moléculaires ont déjà révélé leur appartenance au genre Virgibacillus, un sous- groupe des Bacillus. «comme nous n’avons pas fini de le décrire, nous ne lui avons  pas encore donné de nom définitif; ex-plique Russell Vreeland. Mais nous  avons pu remarquer que ces formes ancestrales ne sont pas si différentes des microbes actuels.»

Et si Bacillius 2-9-3 était un or-ganisme né au XX siecle ? malgré les nombreuses précau-tions prises, «il est très difficile de prouver qu'il n'y a pas eu de contamination en cours de route», reconnaît Patrick Stragier. Faille. Alors comment con-vaincre la communauté scien-tifique? En analysant le patri-moine génétique de la bactérie de manière très approfondie, pour trouver des caractères très archaïques. Mieux, «en repro-duisant le résultat dans un autre laboratoire, ce qui lui  donne une force supplémentaire», poursuit Patrick Stragier. Un moyen classique pour déceler une éventuelle faille dans la procé-dure expérimentale.
 

© Nature 19 octobre 2000, Julie Lestrade.                          


Russel Vreeland - West Chester University (Pensylvannie)

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